Mariage en Grandes Pompes - Octobre 1997

Portrait de abcfr

"... Et vous prient d'assister à la cérémonie..."

par Katie 222

Etes-vous une de celles pour qui le coeur frétille comme un rossignol pris au piège, à la pensée même d'une robe de mariée, de fleurs d'oranger, de confetti...? Ben, moi, non. Mais il faut avouer qu'une invitation à un mariage n'est pas à refuser et quand Dominique m'a annoncé qu'on allait fêter les nuptiales de Laurence et Valentin dans une petite bourgade aux environs de Saint-Malo, je n'ai pas hésité.

Quelle occasion pour changer de peau ! Il y a d'abord les courses à faire au supermarché, parce que chacune a mis son grain de sel pour le déjeuner de samedi. Histoire d'enfiler une jupe plissée, de saisir son sac à main et de partir avec Alison chez Leclerc, où les bons bourgeois de Saint-Malo nous ont prises pour deux anglaises en vacances.... Bon, peut-être pas mais ils n'ont rien dit.

Autour de la table, des visages connus - Dominique, Chantal, Clotilde et Jacqueline, qui ont organisé ce week-end (Bravo !). Laurence et Monique, Claire et Laure... eh, oui, quatre couples en tout. En effet nous autres célibataires étions en minorité mais cela ne fait rien quand la convivialité est au rendez-vous. Et puis la cérémonie qui se prépare....

Tout le monde se met sur son trente-et-un, madame le Maire (Clotilde) apparaît avec son tailleur vert olive, elle nous confie qu'elle est passée chez le coiffeur ce matin. Voici un jeune homme qui surgit - ah, mais c'est Valentin, le futur marié. Il ressemble drôlement à Monique, si ce n'était pas pour sa moustache.... Chantal, quant à elle, s'est transformée en garçon d'honneur - costume, chemise, cravate et puis moustache, faux sourcils, pattes. Elle se regarde au miroir et reste bouche bée : "Bon dieu, on dirait mon frère !" Désormais elle s'appelle Bernard. (La raison ? Eh bien, lors de notre réunion de Mardi Gras un passant l'avait prise pour un travesti et l'avait félicitée d'avoir si bien réussi. Avant qu'elle ne pût corriger l'erreur, Héléna lui a lancé : "Tu vois, Bernard, je t'avais dit que tu passerais !")

Le suspense monte, on attend la mariée. Il ne manque que quelques cordes de Mendelssohn pour l'entrée de Laurence. Peu importe qu'elle fait 1m80, c'est un rêve. Robe ample à crinoline, gants longs, diadème et voile, traîne, bouquet de roses blanches... Nous sommes toutes ravies qu'elle ait remué ciel et terre pour entrer dans la peau de son rôle. Elle est allée Chez Tati, nous explique-t-elle, pour acheter son ensemble, les vendeuses lui on fait faire le tour du magasin dans la robe pour être sures que cela lui irait. Tant pis pour deux autres clientes qui se sont répandues en "fi donc", la plupart des gens présents ont été aussi enchantés que nous.

Les trente minutes suivantes, vous les connaissez, sans doute. C'est toujours le photographe qui décide le planning d'un mariage et tu parles de photographes - nous étions une dizaine ! Ensuite, le départ pour l'église.. ou la mairie...? C'est à ce moment qu'on se rend compte que personne n'avait pensé à un site pour la prochaine étape. Nous partons donc en cortège, klaxons, rubans aux essuie-glace, à la recherche d'un édifice qui nous convient. Le village de Saint-Méloir-les-Ondes possède une église quelconque mais sa mairie fleurie nous va parfaitement. Mme le Maire sort son écharpe bleu-blanc-rouge (une vraie, prêtée par sa belle-soeur, adjointe de Saint-Frusquin-sur-Seine) et nous posons tous sur le perron de l'hôtel de ville sous le regard surpris des habitants. ("C'est qui, la mariée ? C'est pas la fille du boucher ? Qu'est-ce qu'elle a grandie !") Le bruit de klaxons nous accueille.

Notre prochaine escale, la plage. Après tout, on est en Bretagne ! Le soleil commence à descendre vers l'océan quand nous débarquons pour une nouvelle séance de photographie devant la plage du Verger, la pointe du Grouin. Un beau crépuscule, quelques hourras poussés par les passants et un petit vent frisquet qui chuchote dans les hortensias morts.... Il est temps de rentrer.

La cérémonie a lieu dans le salon de notre gîte rural et si les discours sont brefs les documents sont véritables (merci à Saint-Frusquin). Tout le monde signe, on félicite le couple, et on range les fauteuils pour le bal. Youpi, encore une excuse pour changer de robe ! Nous dressons un buffet copieux sous les lumières tamisées ("Tu vois, si l'on dévisse un peu deux ou trois ampoules...") Dominique démarre des bandes musicales - un peu de tout, même la danse bretonne - et "Valentin" se dévoile experte en la matière.

Le lendemain, un dimanche décontracté. On a bien mangé et bu hier - et il en reste. La conversation va du banal ("Penses-tu que la perruque noire me va mieux que la brune ?") à l'érudit ("Mais pourquoi dit-on Madame le Maire et non pas Madame la Maire ?"). Nous accueillons la propriétaire du gîte - dieu sait ce qu'elle pense de nous - et composons un petit message pour son livre d'or : "Un local loin des sentiers battus pour un week-end pas comme les autres.